- GOSHUN
- GOSHUNSi Goshun tient une place importante dans l’histoire de la peinture japonaise, comme fondateur de l’école Shijo, son œuvre a surtout l’intérêt de refléter les deux grandes tendances picturales qui se développèrent au XVIIIe siècle: le courant «idéaliste» de la peinture des lettrés (Bunjin-ga) et le mouvement «réaliste» représenté par l’école Maruyama. Ces deux écoles avaient créé une esthétique nouvelle en puisant à des sources étrangères, la première en empruntant sa technique et son impressionnisme à la tradition chinoise de l’école du Sud, la seconde en retenant la vision naturaliste de la peinture de fleurs et d’oiseaux de la fin de l’époque Ming et en transposant en termes orientaux le caractère réaliste de la peinture européenne. Fortement impressionné par ces nouveaux courants, qui eurent entre eux de nombreux contacts, Goshun en fit la synthèse dans ses meilleures œuvres, et leur ajouta une note lyrique personnelle.Vie et évolution stylistiqueMatsumura Gekkei né à Ky 拏to eut pour premier maître un peintre assez obscur qu’il quitta très vite pour entrer, à l’âge de vingt ans, dans l’atelier de Yosa Buson (1716-1783), poète et personnalité marquante de l’école Bunjin-ga. Sous la direction de Buson, il s’initia à l’art du haikai (poème de 17 syllabes) et appliqua fidèlement les préceptes picturaux de l’école. Il se révéla rapidement l’un des meilleurs élèves de Buson; mais si le maître avait du génie, l’élève par contre n’avait que du talent.De 1781 à 1786, Goshun vécut à Kurehano-Sato dans la province de Settsu. Cette période, au cours de laquelle il prit le nom de Goshun, marqua un tournant dans l’œuvre du peintre. Ses tendances au naturalisme, décelables dans ses premières productions, s’affirmèrent. Et il montra dès lors une certaine indépendance vis-à-vis de l’école Bunjin-ga. Mais ce n’est qu’en 1787-1788 que Goshun se rallia à l’école «réaliste». Comme beaucoup de ses contemporains, il subit l’ascendant de la forte personnalité de Maruyama 牢kyo (1733-1795), dont le renom était alors sans égal. 牢kyo avait consacré sa vie à la recherche d’une nouvelle manière de peindre la nature dans sa réalité objective, dégagée de tout symbole. Mais Goshun n’entra pas comme élève chez 牢kyo; il ouvrit son propre atelier, qui devint l’école Shijo et dont la réputation allait supplanter celle de l’école Maruyama après la mort d’ 牢kyo. Dès lors, Goshun devenait le maître incontesté du mouvement réaliste, jusqu’à sa mort survenue à Ky 拏to.Bien qu’il se fût rallié à l’esthétique de l’école Maruyama, il l’interpréta de façon personnelle. La facture est différente, la vision subjective de la nature se substitue à la réalité objective, la notion de l’espace joue un rôle très important dans la composition. Enfin, si les peintures d’ 牢kyo s’adressaient aux cercles raffinés de l’aristocratie, celles de Goshun répondaient aux goûts de la population citadine de Ky 拏to. En fait, l’influence de Buson reste profonde, et elle se manifeste tant dans la technique que dans le climat impressionniste, lyrique, ou simplement poétique. Cet ascendant se retrouve dans les meilleures œuvres de Goshun, qui réalisa en quelque sorte une synthèse des deux écoles.École ShijoPersonne ne contestera à Goshun la paternité de l’école Shijo. Mais ses nombreux élèves allaient suivre une voie sensiblement différente de la sienne, s’attachant davantage à l’enseignement de Maruyama 牢kyo. Avec eux, l’école Shijo devint en quelque sorte une branche de l’école Maruyama. Et la fusion complète s’accomplit tout naturellement au cours du XIXe siècle.Par la suite, les successeurs de Goshun développèrent un style où la composition rigoureuse est servie par un coloris léger et harmonieux, une technique habile tout en douceur et en souplesse, et dont le thème favori reste l’étude de la nature. Ils créèrent un académisme dont les traits principaux sont une facture minutieuse et une atmosphère intime, dont Goshun avait jeté les bases, et qui allait inspirer toute la peinture du XIXe siècle et celle de l’école de Ky 拏to au XXe siècle.
Encyclopédie Universelle. 2012.